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25 Novembre 1895 - 18 Mars 1975
Petite dernière d'une famille de sept enfants, Adrienne Armande Pauline Bolland naquit juste avant que son frère aîné, Edouard, ne meure chez sa nourrice.
Son père : Henri Boland (son nom porte deux "L" sur son acte de naissance) était belge. Il acheta la propriété des Charmettes à Donnery (qui avait précédemment appartenu au romancier Ponson du Terrail) et épousa en 1882, Marie Joséphine Pasques, deuxième fille d'une famille de huit enfants, dont les ancêtres belges étaient installés au château d'Allonnes depuis 1814. À la suite d'une sombre affaire politico-financière de 1883, il s'enfuit avec sa femme et leur première fille sur l'île de Guernesey. Le couple revint en France en 1889. Deux autres enfants étaient nés à Guernesey, dont un fils, Benoît qui sera plus tard sur le Pourquoi Pas? du Commandant Charcot (expédition de 1908-1910). La famille s'installa à Arcueil-Cachan, et Henri Boland (qui avait ôté un "L" à son nom depuis 1880) travailla pour le Touring Club et les éditions Hachette, comme écrivain géographe. À la mort de celui-ci en octobre 1909, sa veuve se retrouva dans une situation plus que délicate financièrement. Refusant d'être à la charge de sa mère, Adrienne décida de devenir pilote d'avion, ce qui provoqua un scandale dans la famille.
Adrienne Bolland obtint son brevet de pilotage le 29 janvier 1920 après une formation débutée le 16 novembre 1919 à l'École de pilotage Caudron du Crotoy située au Crotoy (baie de Somme), devenant ainsi la 13e femme titulaire d'un brevet de pilote et elle réussit également la performance d'être la première femme pilote d'essai engagée par René Caudron, le 1er février 1920 et ce, pour trois ans. Le 25 août 1920, elle fut la première femme à traverser la Manche en avion depuis la France (Harriet Quimby l'avait traversée, quant à elle, depuis l'Angleterre en 1912).
Elle fut la seule femme à piloter aux côtés des As tels que Fonck, Nungesser, Romanet, Casale, ou Bossoutrot, lors du grand meeting aérien de Buc des 8, 9, et 10 octobre 1920. Attirée par la gloire et l'argent facile, elle entendit parler des "macchabées de la Cordillère des Andes" et supplia Caudron de l'envoyer là-bas, "juste pour voir".
Arrivée à Buenos Aires en janvier 1921 avec deux G.3 démontés dans des caisses, et le mécanicien René Duperrier de la firme Caudron à ses côtés, elle réalisa la propagande commerciale demandée par l'avionneur sitôt les avions arrivés et remontés. Mais dès son installation à l'Hôtel Le Majestic, la presse argentine mit au défi l'aviatrice de passer la Cordillère des Andes. Piquée au vif dans son orgueil, elle décida à la mi-mars de rejoindre Mendoza, malgré le désaccord de Caudron qui refusa de lui envoyer un avion plus puissant. Elle arriva en train, dans la capitale de la province nichée aux pieds de la Cordillère, le dimanche 20 mars avec un des deux G.3 et fit deux essais devant toute la ville, avant de s'envoler à l'aube du 1er avril. Le plafond du Caudron G.3 (construit en bois et toile, moteur le Rhône de 80 ch) était de 4.000 mètres d'altitude, alors que le sommet de l'Aconcagua sur la route choisie (passer par le nord et non par le sud comme ses prédécesseurs) culmine à 6.900 mètres. En partant, elle était convaincue de ne jamais arriver vivante.
Après 4 h 15 (décalage horaire d'une heure entre l'Argentine et le Chili) d'un vol épique, puisqu'elle se perdit, vola entre les flancs à pic de la montagne à une moyenne de 50 kilomètres à l'heure, puis se retrouva face à un choix vital qui allait la rendre célèbre lorsqu'elle révèlerait l'histoire de ce mystère, elle se posa sur la piste de Lo Espejo, l'école militaire d'aviation de Santiago du Chili- aujourd'hui El Bosque.
Elle reçut au Chili un accueil d'autant plus triomphal qu'il était inenvisageable. Seul absent, le ministre de France (ambassadeur) à Santiago, qui ne s'était pas déplacé, il avait cru à un canular.
Elle revint en France en juillet 1921, après une longue tournée en Argentine et en Uruguay. Profitant de sa notoriété, elle effectue de nombreux meetings aériens durant lesquels elle exhibe ses capacités techniques. En effet, en 1924 à Orly, elle battit le record de looping en réalisant 212 boucles en 72 minutes (son objectif était de battre les 1.111 loopings du record masculin réalisé par son ami Alfred Fronval, mais les fils des bougies de son Caudron C.127 F-AGAP lâchèrent).
Avec Maurice Finat et le lieutenant Robin, elle fit également partie de l'escadrille Mamet qui réalisa le tour de France pour l'Air Propagande du ministère des transports. La petite troupe connut dans la France de 1926, toutes les péripéties imaginables.
En 1930, après six années d'observation, elle accepta d'épouser un des pilotes de l'escadrille Mamet, Ernest Vinchon.
En 1934, à la demande de la militante féministe Louise Weiss, elle s'engagea avec Maryse Bastié et Hélène Boucher dans le combat pour le droit de vote des femmes.
Opposée à tous les totalitarismes, prônant l'humanisme vrai, amie des mécaniciens, des peintres comme MoÏse Kisling, des auteurs, tel Pierre Dac et Louise Faure-Favier, tout autant que celle de Liane de Pougy, ancienne courtisane et maîtresse de toutes les têtes couronnées des années 1900, elle devint l'ardent soutien du nouveau ministre de l'Air, le jeune Pierre Cot. Elle fut très proche de Jean Moulin et du responsable de l'Aviation populaire, Sadi-Lecointe, qu'elle aida au recrutement des pilotes de l'escadrille España dirigée par André Malraux à partir de 1936. Enviée, jalousée pour sa liberté de parole et de pensée, détestée par nombre de pilotes pour ses positions politiques ouvertement à gauche, elle subit de nombreux sabotages et connut sept accidents graves. Accidents dont elle réchappa comme par miracle.
En 1940, elle décida avec son mari de rester dans la zone occupée par les Allemands, puis de rejoindre le réseau CND Castille du Loiret. À Donnery le couple se chargea du repérage des terrains susceptibles d'aider les forces aériennes de Forces françaises libres du général de Gaulle.
Elle obtint le titre d'Officier de la légion d'honneur à la libération.
En 1951, elle révéla à la presse qu'elle devait d'avoir eu la vie sauve, lors de son passage des Andes en 1921, à l'avertissement d'une femme envoyée par un médium tandis qu'elle préparait ses affaires pour prendre le train de Mendoza.
En 1961, Air France fêta les 40 ans de son vol historique en offrant le voyage aux deux anciens pilotes.
Ernest Vinchon mourut en 1966 à Pau, et fut enterré à Donnery.
En 1971, Air France fêta le cinquantenaire du passage des Andes en affrétant un avion spécialement pour Adrienne et 30 de ses amis. Leur tournée les mena de Rio à Santiago en passant par Sao paulo, Montevideo, Buenos Aires et Mendoza.
Adrienne Bolland mourut à Paris le 18 mars 1975 et fut enterrée dans le cimetière de Donnery dans le Loiret, berceau de sa famille. Seuls son frère et quelques membres d'honneur des Vieilles Tiges étaient présents à ses obsèques.
Elle est la seule Gloire des Ailes française à n'avoir pas de monument à son nom.
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