Dassault Mirage 2000
Bien que la formule à aile delta du Mirage 2000 fasse penser au Mirage III des années 1960 et que l'avion soit de taille comparable, il s'agit en fait d'un avion entièrement nouveau avec une surface alaire plus importante, naturellement instable pour améliorer sa manœuvrabilité et équipé de commandes de vol électriques. Mis en service en 1984, le Mirage 2000 fut principalement utilisé par l'Armée de l'Air française qui en a reçu 315 exemplaires, tandis que 286 autres ont été exportés vers 8 pays différents.
En 1972, l'Armée de l'Air française lance le programme ACF (Avion de Combat Futur) pour lequel elle demande un avion bi-réacteur Snecma M53 avec une aile fixe destiné à des missions de supériorité aérienne. Tout en préparant une réponse à cet appel d'offre, le constructeur Dassault Aviation lance dès l'année suivante, sur fonds privés, l'étude d'un avion monoréacteur à aile delta baptisé Delta 2000. Le 12 décembre 1975, le programme ACF est arrêté pour des questions de coûts et le gouvernement décide d'adopter à la place le projet du Delta 2000.
Quatre prototypes d'un avion de chasse monoplace (Mirage 2000C) sont commandés officiellement en 1976. Ils doivent être propulsés par un réacteur M53-2 de 7.500 kgp en attendant le M53-5 plus puissant (9.000 kgp) destiné aux avions de série. Le premier prototype fait son vol inaugural le 10 mars 1978. Le premier avion de série s'envole à son tour le 20 novembre 1982, équipé du réacteur M53-5, et les livraisons à l'Armée de l'Air française commencent l'année suivante. Les 37 premiers avions de séries sont livrés avec un radar RDM (Radar Doppler multimode) car la mise au point du radar RDI (Radar Doppler à Impulsions) s'avère difficile. Il faudra finalement attendre 1987 pour que soient livrés les premiers exemplaires enfin équipés du radar RDI, et qui reçoivent également un réacteur M53-P2 encore plus puissant (9.700 kgp). A la fin des années 90, la mise à niveau de 37 Mirage 2000C au standard 2000-5 (radar RDY multimodes et multicibles, ajout de 4 points d'emports pour missiles MICA) permet de récupérer autant de radars RDI et de remettre à niveau les avions qui avaient été livrés avec le radar RDM.
Le prototype de la version biplace d'entrainement (Mirage 2000B), entièrement financé par des fonds propres de Dassault Aviation, fait son premier vol le 10 octobre 1980. Dès 1979, l'Armée de l'Air française avait commandé une version biplace destinée à l'assaut nucléaire et capable pour cela d'emporter le missile ASMP alors en développement. Désignée Mirage 2000N, elle dispose d'une structure renforcée pour voler à basse altitude et grande vitesse ainsi que d'un système de navigation et d'attaque basée sur le radar Antilope V dôté d'un mode suivi de terrain. Les canons ont été supprimés et les cônes d'entrée d'air sont désormais fixes, limitant la vitesse à Mach 1,5. Le siège arrière est occupé par un officier système d'armes. Le premier prototype du 2000N fit son vol inaugural le 3 février 1983 et la version fut mise en service en 1988. Les 31 premiers exemplaires ne pouvaient emporter que le missile ASMP mais les avions suivants (standard 2000N-K2) sont capables de missions conventionnelles avec un large éventail de bombes classiques, guidées par laser, anti-pistes ou bien des missiles anti-radar, anti-navire, etc.
Une version dérivée du Mirage 2000N et destinée à l'assaut conventionnel est demandée à la fin des années 80, suite aux retards du programme du Dassault Rafale. Initialement désigné Mirage 2000N' (à lire Mirage 2000N prime), le Mirage 2000D est capable de tirer par tout temps tous les armements en service dans l'Armée de l'Air française, ainsi que ceux à guidage laser et les nouveaux missiles Scalp et Apache. Tout comme le Mirage 2000N, il est équipé d'un radar Antilope V auquel s'ajoute système d'autoprotection perfectionné. Le prototype du 2000D fait son premier vol le 19 février 1991 et la version est mise en service en 1993.
Engagements
France
Guerre du Golfe (en 1990-1991): Douze Mirage 2000 RDI de la 5e escadre de chasse d'Orange sont déployés à partir d'octobre 1990, dans le cadre de missions de supériorité aérienne.
Guerre de Bosnie (de 1992 à 1995). Un Mirage 2000N K2 de l'Escadron de chasse 2/3 Champagne (capitaine Frédéric Chiffot et lieutenant José Souvignet) est abattu le 30 août 1995 après avoir bombardé un objectif dans la région de Pale. Le pilote et son navigateur sont libérés le 12 décembre 1995.
Guerre du Kosovo.
Guerre d'Afghanistan.
Grèce
Le 8 octobre 1996, un Mirage 2000 grec abat un F-16 turc. Suite à une violation de l'espace aérien grec, les Mirage 2000 envoyés pour intercepter les intrus sont engagés en combat tournoyant par des F-16 turcs. L'un des Mirage tire alors un missile Magic, atteignant un F-16D (biplace) qui s'écrase en mer. Un des pilotes du F-16 est mort, l'autre a pu s'éjecter et a été secouru par un hélicoptère grec.
Inde
Conflit de Kargil (en 1999). D'abord utilisés pour des missions de supériorité aérienne, les Mirage 2000 indiens sont ensuite modifiés pour des missions d'attaque au sol (qu'ils sont les seuls à pouvoir effectuer à ces altitudes). Au total, ces avions effectuent plus de 500 missions et larguent plus de 55 tonnes de bombes pendant ce conflit.
Pays utilisateurs
France
- 124 Mirage 2000C (n° 1 à 124) - dont 37 mis au standard Mirage 2000-5F (n° 38 à 49,51 à 59,61 à 63,65 à 74,76 à 78).
- 30 Mirage 2000B (n° 501 à 530).
- 75 Mirage 2000N (n° 301 à 375).
- 86 Mirage 2000D (n° 601 à 686).
Brésil
- 10 Mirage 2000C et 2 Mirage 2000B achetés d'occasion, qui seront livrés en 3 lots de 4 exemplaires en 2006, 2007 et 2008. Désignés localement F-2000, ces avions sont au standard RDI-S4 et motorisés en M53-5.
Égypte
- 16 Mirage 2000EM (n° 101 à 116).
- 04 Mirage 2000BM (n° 201 à 204).
Émirats arabes unis
- 22 Mirage 2000EAD (n° 731 à 752).
- 08 Mirage 2000RAD (n° 711 à 718).
- 06 Mirage 2000DAD (n° 701 à 706).
- 30 Mirage 2000EAD/RAD/DAD sur les 36 précédents ont été portés au standard "-9".
- 20 Mirage 2000-9 monoplaces (n° 719 à 730 et 753 à 760).
- 12 Mirage 2000-9 biplaces (n° 707 à 710 et 761 à768).
Grèce
- 36 Mirage 2000EG (n° 210 à 245).
- 10 Mirage 2000EG sur les 36 précédents ont été portés au standard "-5Mk2".
- 04 Mirage 2000BG (n° 201 à 204).
- 10 Mirage 2000-5Mk2 monoplaces (n° 545 à 554).
- 05 Mirage 2000-5Mk2 biplaces (n° 505 à 509).
Inde
- 46 Mirage 2000EH (n° KF101 à KF146).
- 13 Mirage 2000TH (n° KT201 à KT213).
Pérou
- 10 Mirage 2000P (n° 050 à 054 et 060 à 064).
- 02 Mirage 2000DP (n° 193 et 195).
Qatar
- 09 Mirage 2000-5EDA (n° QA90 à QA98).
- 03 Mirage 2000-5DDA (n° QA86 à QA88).
TaÏwan
- 48 Mirage 2000-5EI (n° 2001 à 2048).
- 12 Mirage 2000-5DI (n° 2051 à 2062).
La production de Mirage 2000 a été arrêtée en 2006: 7 prototypes, 6 appareils de développement et 601 de série - soit 614 machines au total - seront sortis des usines Dassault Aviation.
Variantes
À l'origine développé pour être un avion d'interception et de supériorité aérienne, le Mirage 2000 fut ensuite décliné en différentes versions:
- Mirage 2000B: version biplace d'entraînement. Appareils stationnés sur les bases aériennes de Cambrai-Épinoy et Orange-Caritat.
- Mirage 2000B S3, n°501 à 514: 14 biplaces équipés de radars RDM, de moteurs M53-5 et armés de missiles air-air R550 Magic II, de missiles air-air Super 530F.
- Mirage 2000B S4, n°515 à 520: 6 biplaces équipés de radars RDI J1-1 et de moteurs M53-5.
- Mirage 2000B S4-2, n°521 à 522: 2 biplaces équipés de radars RDI J2-4 et de moteurs M53-5 ( 521 ) et M53-P2 ( 522 ).
- Mirage 2000B S5, n°523 à 530: 8 biplaces équipés de radars RDI J3-13 et de moteurs M53-P2.
- Mirage 2000C: utilisé pour la défense aérienne. Appareils stationnés sur les bases aériennes de Cambrai-Épinoy et Orange-Caritat.
- Mirage 2000C (RDM): version « bouche-trou » équipée du radar RDM ( le radar RDI prévu n'était pas encore disponible ) et du moteur M53-5.
- Mirage 2000C S1, n°1 à 15: équipés de radar RDM et armés de missiles air-air R550 Magic II et de 2 canons DEFA de 30 mm.
- Mirage 2000C S2, n°16 à 19: équipés de radars RDM à capacité "look down" améliorée.
- Mirage 2000C S3, n°20 à 37: capables de tirer également des missiles air-air Super 530F.
- Mirage 2000C (RDI): version « définitive » équipée du radar RDI et du moteur M53-P2.
- Mirage 2000C S4: n°38 à 48, équipés de radars RDI J1-1 et capables de tirer des missiles air-air Super 530D.
- Mirage 2000C S4-1: n°49 à 63, radars RDI J1-2.
- Mirage 2000C S4-2: n°64 à 74, radars RDI J2-4.
- Mirage 2000C S4-2A: passage au standard des Mirage 2000C S4, S4-1 et S4-2 avec un radar RDI J2-5.
- Mirage 2000C S5: n°75 à 124, radars RDI J3-13.
- Mirage 2000C S5-2C: Mirage 2000C S-5 mis à jour avec de nouveaux équipements ECCM (contre contre-mesures électroniques).
- Mirage 2000-5: d'abord uniquement destiné à l'exportation, l'Armée de l'air prit ensuite la décision de porter un certain nombre de ses Mirages 2000C à la norme 2000-5 et rentre ainsi dans le club des Fox 3: exemple avec le Mirage 2000-5 équipé du radar RDY. Il dispose d'une avionique profondément rénovée, avec notamment un radar RDY (Radar Doppler Y), d'un viseur tête haute Thomson-CFS VEH-320, de commandes Hotas et de contre-mesure intégrées ICMS Mk.II. Les Super 530D sont remplacés par 4 MICA EM (Missile d'interception et de combat aérien), plus petits et plus modernes, adaptés à l'utilisation en défense aérienne (actuellement la version la plus moderne du Mirage 2000).
- Mirage 2000-5F: version du Mirage 2000-5 destinée à la France. Appareils stationnés sur la base aérienne de Dijon-Longvic.
- Mirage 2000-5F SF1: 37 Mirage 2000C S4-2A et S-5 mis au standard "-5" (Les RDI J2-5 ainsi libérés remplacent les RDM).
- Mirage 2000-5F SF1-C: Mirage 2000-5F SF1 équipés de nouvelles fonctionnalités RDY.
- Mirage 2000-5F SF1-IR: Mirage 2000-5F SF1C avec la double capabilité MICA-EM et MICA-IR
- Mirage 2000-5F Vi: en cours de développement chez Dassault Aviation pour l'intégration de la Liaison 16 permettant la transmission de données sécurisées sur le théâtre de guerre entre appareils de l'OTAN.
- Mirage 2000-5 Mk2: version polyvalente, dont le RDY dispose de deux nouveaux modes antinavires permettant le tir d'AM39 Exocet, et d'un nouveau système de contre-mesures ICMS Mk.III. Cette version est basée sur un nouveau cœur système: l'EMTI développé par Thales et de nouvelles visualisations.
- Mirage 2000-9: version totalement polyvalente avec radar RDY-2 (15 % de portée supplémentaire comparé au RDY), EMTI (Ensemble modulaire de traitement de l'information), pod de désignation laser, vendue aux Émirats arabes unis. Cette version est capable de missions air-air avec des capacités proches des 2000-5, air-sol avec des missiles Storm Shadow (version export du Scalp) et air-surface avec missiles Exocet, le tout avec ravitaillement en vol.
- Mirage 2000N: version spécialisée dans la frappe nucléaire, emportant le missile ASMP. La défense primordiale de l'appareil est assurée par le brouilleur électronique Caméléon, des leurres électromagnétiques et infrarouges Spirale, ainsi que d'un détecteur d'alerte radar Serval. Appareils stationnés sur les bases aériennes d' Istres-Le Tubé et de Luxeuil-Saint Sauveur.
- Mirage 2000N K1: version initiale armée uniquement du missile ASMP (31 avions, par la suite portés au standard K2)
- Mirage 2000N K2: version capable également d'assaut conventionnel tout temps (44 avions)
- Mirage 2000N K2+: version intermédiaire modifiée en vue de l'utilisation du missile ASMP-A, mais encore armée de l'ASMP standard.
- Mirage 2000N K3: version armée du missile ASMP-A (50 avions prévus en 2010)
- Mirage 2000D: biplace d'assaut conventionnel tout temps. Appareils stationnés sur la base aérienne de Nancy-Ochey.
- Mirage 2000D Vi: dernière version du Mirage 2000D en cours de développement chez Dassault Aviation pour intégrer, comme pour le M2000-5F la liaison 16.
- Mirage 2000E: appareils réservés à l'exportation avec possibilités de modifications de l'avionique suivant les clients, mais toujours autour du radar RDM.
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