Nord 2500 à 2510 Noratlas
En 1947, un appel d'offre est lancé pour un avion de transport destiné à équiper l'Armée de l'Air française d'un appareil moderne en remplacement des différents avions qu'elle utilisait à l'époque. Le projet Nord 2500 proposé par Nord-Aviation est retenu et deux prototypes sont commandés en 1948. Le premier d'entre eux fait son vol inaugural le 10 septembre 1949 sur l'aérodrome de Melun-Villaroche, équipé de deux SNECMA Gnôme-Rhône 14R de 1.600 CV chacun.
Désigné Nord 2501, le deuxième prototype est équipé de moteurs beaucoup plus puissants, des Bristol Hercules 739 de 2.040 CV fabriqués sous licence en France. Il fait son premier vol le 20 novembre 1950 et les deux prototypes entrent alors dans le programme d'essai destiner à valider leur utilisation. Le crash du second prototype à Lyon-Bron le 6 juillet 1952, qui coûte la vie à au moins 5 personnes, ne remet pas en cause le projet et c'est la formule 2501 qui est finalement retenue.
Le premier avion de série décolle le 24 novembre 1952 et est livré en juin 1953 à l'Armée de l'Air, qui reçoit au total 208 exemplaires sur les 425 construits. Les autres Noratlas sont exportés en Allemagne (qui fabriquera 124 Nord 2501-D sous licence et en assemblera 57 autres, après en avoir reçu 25 construits en France), en Grèce (52 avions neufs) en Israël (6 avions neufs + 16 ex-allemands), et au Portugal (6 avions neufs + 26 autres d'occasion de diverses origines) ou vendus à des compagnies civiles comme Air Algérie.
Au fil du temps, les Noratlas sont revendus d'occasion par leurs différents propriétaires et équipent divers pays africains comme l'Angola, Djibouti, le Mozambique, etc... Aujourd'hui, le dernier Noratlas en état de vol est basé en France, sur l'aéroport de Marignane, où il est mis en œuvre par l'association Le Noratlas de Provence qui a réussi à le faire classer Monument Historique en 2006. Son premier vol fût effectué le 24 mai 1956. Il est passé successivement par les escadrons suivants : Touraine, Sahara, C.I.E.T, Anjou, G.A.M.O.M 88, Bigorre, C.I.F.A.S, Vercors.
Versions
- Nord 2500 : premier prototype avec moteurs SNECMA Gnôme-Rhône R14.
- Nord 2501 : second prototype et avions de série avec moteurs Bristol Hercules 739. Certains avions ont été modifiés par la suite pour la guerre électronique, l'entrainement à la radio navigation, etc...
- Nord 2501-D : version construite sous licence en Allemagne par Weserflugzeugbau (WFB) (devenu ensuite VFW) à Brême et par HFB à Hambourg.
- Nord 2502 : version destinée au transport civil (47 passagers, équipée de deux Turboméca Marboré IIE de 400 kgp en bout d'aile).
- Nord 2503 : version équipée de moteurs Pratt & Whitney R 2800 (1 seul prototype).
- Nord 2504 : adaptation du Nord 2502 pour la formation à la lutte anti-sous-marine (1 seul exemplaire).
- Nord 2506 : adaptation aux terrains sommaires et augmentation de l'autonomie (2 prototypes).
- Nord 2507 : adaptation aux missions de sauvetage en mer (jamais construit).
- Nord 2508 : Nord 2503 équipé de 2 réacteurs Marboré en bout d'ailes (2 prototypes).
Engagements
Le Nord 2501 arriva trop tard dans l'armée française pour participer réellement à la guerre d'Indochine, et ne fut utilisé que tardivement pour quelques opérations humanitaires. Il fut par contre engagé pendant la guerre d'Algérie, la crise du canal de Suez, la crise de Bizerte, et lors de diverses opérations humanitaires en Afrique. En Mai 1968, les Noratlas militaires furent même utilisés en remplacement des avions civils cloués au sol par les grèves. De 1962 à 1984, l'appareil servit à l'ETAP à Pau pour le largage des parachutistes de haut vol et de précision.
Les avions allemands participèrent également à plusieurs opérations humanitaires en Afrique ou en Turquie.
Le Portugal engagea ses Noratlas durant ses guerres coloniales en Angola et au Mozambique.
En Grèce, 15 Nord 2501 participèrent, dans la nuit du 21 au 22 juillet 1974 à l'opération Niki, visant à contrer le débarquement turc à Chypre du 20 juillet. Deux d'entre eux seront abattus en vol, deux autres détruits au sol.
Réutilisation
Au fil du temps, les Noratlas sont revendus d'occasion par leurs différents propriétaires et équipent divers pays africains comme l'Angola, Djibouti, le Mozambique et le Zaïre. Le dernier Noratlas en état de vol, le 105, est basé en France, sur l'aéroport de Marseille Provence, où il est mis en œuvre par l'association Le Noratlas de Provence, qui a réussi à le faire classer Monument historique en 2006. Son premier vol fut effectué le 24 mai 1956. Il est passé successivement par les escadrons suivants: Touraine, Sahara, CIET, Anjou, GAMOM 88, Bigorre, CIFAS, Vercors. Il continue à être utilisé occasionnellement par les forces armées françaises, pour des sauts de cohésion, par exemple en 2016 au 1er RPIMa à l'occasion d'une passation de commandement, mais également pour des missions d’entraînement au profit des forces armées et de la DGSE, notamment en 2012, 2014 et 2016.
Le Noratlas no 111 orne, en élément décoratif, l'entrée du Quartier Soult à Tarbes, garnison du 35e Régiment d'Artillerie Parachutiste. Un Nord 2501 végète depuis 20 ans en pièces détachées du côté de Uchaud, dans le Gard.
Un autre se trouve sur le site des "Ailes Anciennes" à côté du musée de l'aéronautique Aéroscopia, à Toulouse Blagnac. Il est apparemment complet et en relativement bon état, un deuxième complet et en bon état se trouve à l’aérodrome Vannes-Meucon dans le Morbihan.
Il reste également un Noratlas sur la base aérienne 279 de Châteaudun.
Le Noratlas 146, construit en 1953, est conservé en très bon état et est exposé devant l'École de Production ECAUT (École des Métiers de l'Automobile) à Viuz-en-Sallaz (Haute-Savoie) depuis 1989. Il est utilisé comme chapelle par cette école catholique.
Accidents
- Le 6 juillet 1952, le second prototype du Nord 2501 s'écrase lors d'un meeting à l'aéroport de Lyon-Bron, tuant cinq personnes (l'équipage et ses passagers), dont l'aviatrice Maryse Bastié. D'après Jacques Nœtinger, l'appareil n'était pas en cause, la présentation ayant été faite à l'extrême limite de son domaine de vol.
- Le 29 décembre 1953 à 22 h 19, un Nord 2501 s'écrase sur le sommet du pic de Costabonne (province de Gérone) Commune de Setcases. À bord, 11 hommes (5 officiers, 4 sous-officiers et 2 civils de la SNECMA). Départ d'Alger, à destination de Mont-de-Marsan.
- Le 8 novembre 1954, collision en vol du no 48 avec le no 70.
- Le 25 novembre 1954, crash du no 3, à la suite d'un givrage brutal.
- Le 10 janvier 1956, le no 71 percute la montagne près de Miliana en Algérie.
- Le 26 avril 1957, le no 40 s'écrase lors d'essais d'approche sous très forte pente, sur la base de Melun-Villaroche. L'accident serait peut-être imputable à un problème de pas d'hélice.
- Le 19 juin 1957, le no 68 s'écrase près de Blida en Algérie. La cause demeure inconnue.
- Le 12 août 1957, le no 82 s'écrase à la suite d'un passage en réversion intempestif en vol, à Bizerte en Tunisie.
- Le 29 novembre 1957, le no 26 s'écrase à proximité de Tiznit, au Maroc (Ifrane de l'Antiatlas). La cause demeure inconnue.
- Le 18 juin 1958, le no 73 s'écrase à la suite d'une collision avec un groupe de cigognes près de Blida, en Algérie.
- Le 29 mars 1959, jour de Pâques, le Noratlas Nord 2502 F-BGZB de la compagnie UAT disparaît en plein vol entre Berberati et Bangui (République centrafricaine), avec ses cinq membres d'équipage et cinq passagers, dont le premier président de la République centrafricaine. Vraisemblablement, le mauvais temps est responsable de la dislocation en vol de l'avion, retrouvé dans la brousse le mardi 31 mars 1959 à 100 km à l'ouest de Bangui.
- Le 15 janvier 1960, le no 102 s'écrase à Beni Isguen (oasis de Ghardaïa), en Algérie officiellement à la suite d'un givrage, peu après son décollage de l'aéroport d'Alger où il avait passé la nuit. Version qui n'a jamais convaincu les familles et les rapports d'enquête ont mystérieusement disparu des archives du Fort de Vincennes. En plus des six hommes d'équipages, l'appareil en provenance de la base aérienne 123 Orléans-Bricy transportait du matériel destiné aux expériences nucléaires que la France menait à Reggane dans le Sahara. Le premier tir en surface aura lieu moins d'un mois plus tard.
- Le 16 septembre 1960, le no 22 s'écrase en montagne. L'appareil participait à un exercice de nuit, au profit de la protection radar et de la chasse de nuit, au nord-ouest de Batna, en Algérie.
- Le 19 juillet 1961, le no 67 est touché au sol par un obus, à Bizerte.
- Le 20 mars 1962, le no 204 est détruit près d'Alger, au niveau de la passe des Deux Bassins. La cause de l'accident demeure inconnue.
- Le 30 avril 1962, le n°185 s'écrase à Oran- La Senia (Algérie)
- Le 25 mai 1962, le no 62 est détruit au sol par un attentat, à Alger.
- Le 15 février 1963, le no 45 est détruit au sol à Fort-Lamy. Un incendie se déclare lors d'un remplissage.
- Le 21 avril 1964, le no 178 s'écrase au décollage, à la suite d'un « plaquage » au sol par une rafale (vent rabattant), à Bouar en République Centrafricaine.
- Le 29 avril 1964, le no 35 percute le pic de Jouels, à Sentenac-de-Sérou dans l'Ariège. Il n'y a aucun survivant parmi les cinq membres d'équipage.
- Le 3 mai 1965, le Nord 2501 no 190, F-RABV, s'écrasa à Blond, près de Limoges, en Haute-Vienne, tuant les cinq personnes de l'Armée de l'air qu'il transportait (escadron de transport 2/63 Bigorre). La cause de l'accident demeure inconnue.
- Le 20 mai 1965, le no 34 est perdu. La cause demeure inconnue.
- Le 15 juin 1965, le no 152 est détruit à Fort-Gouraud, en Mauritanie. La cause demeure inconnue.
- Le 7 décembre 1966, le no 59 s'écrase près de Saverdun en Ariège, à la suite d'un givrage brutal.
- Le 14 novembre 1967, le no 74 s'écrase après le contact d'un saumon d'aile avec le sol, à l'occasion d'un survol à basse vitesse du parc national du Niokolo-Koba, au Sénégal, lors d'une mission humanitaire.
- Le 30 juillet 1971, le Nord 2501 no 49, immatriculé F-BABB, s'écrase à Pau. À bord se trouvaient 32 officiers et sous-officiers, dont 23 sous-lieutenants de la promotion Général Kœnig de l'École militaire interarmes, en stage parachutiste. L'accident serait dû à un incendie d'origine électrique. Une bouteille thermos remplie de café se serait déversée sur la partie centrale du pupitre de commande et aurait causé un incendie. L'avion a décroché en virage en essayant d'évacuer la fumée par une des fenêtres latérales.
- Le 19 octobre 1971, le no 69 est perdu à Épernay. La cause demeure inconnue.
- Le 6 septembre 1974, le no 43 est perdu. La cause demeure inconnue.
- Le 25 novembre 1977, le Nord 2501 Noratlas no 182, immatriculé F-RABR, de l'Escadron de transport 1/64 Béarn de l'Armée de l'air française, en provenance de la base aérienne 118 Mont-de-Marsan et à destination de la Base d'aéronautique navale d'Hyères Le Palyvestre, s'écrase à 2 h 30 du matin dans le hameau du Lignon à Prémian (Hérault), tuant 28 marins et quatre aviateurs. L'enquête qui s'ensuit révèle que le pilote automatique était incriminé, entraînant la suppression de cet équipement sur l'ensemble de la flotte de Noratlas.
- Le 8 janvier 1980, le no 91 s'écrase à Toulouse. La cause demeure inconnue.
- Le 3 février 1982, la 4e compagnie du 2e régiment étranger de parachutistes, en compagnie tournante à Djibouti, doit, dans le cadre de ses activités, être larguée dans l'est du pays. Le Nord 2501 Noratlas no 140 transportant 29 légionnaires, gêné par le mauvais temps, percute le relief du mont Garbi. Il n'y a aucun survivant.
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