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Le Tupolev Tu-22 (code OTAN: Blinder) est le premier bombardier supersonique à être entré en production en Union soviétique. Fabriqué par Tupolev, le Tu-22 entra en service dans l'armée soviétique dans les années 1960. Les derniers exemplaires furent retirés dans les années 1990. Produit en relativement petites quantités, l'avion fut décevant, ne pouvant assumer le rayon d'action intercontinental requis. Plus tard, les Tu-22 furent utilisés comme plateformes de lancement pour le missile Kh-22, et comme avion de reconnaissance. Des Tu-22 furent vendus à d'autres nations, y compris la Libye et l'Irak. Le Tu-22 fut l'un des rares bombardiers soviétiques à voir le combat: Les Tu-22 libyens de Mouammar Kadhafi furent utilisés contre la Tanzanie et le Tchad. L'Irak, sous Saddam Hussein a utilisé ses Tu-22 au cours de la guerre Iran-Irak.
Le Tu-22 fut conçu à l'origine pour remplacer pour le Tupolev Tu-16 par un bombardier supersonique. Le dessin initial devant répondre à cette exigence, désigné "Samolët 105" par Tupolev, fut lancé en 1954 et le premier prototype était prêt en décembre 1957. Le premier vol eu lieu à Zhukovsky, le 21 Juin 1958, aux mains du pilote d'essai Yuri Alasheev. Par la suite, la disponibilité de moteurs plus puissants, et la découverte par le TsAGI de la règle des aires, indispensable pour minimiser la traînée aérodynamique en vol transsonique, abouti à la construction d'un prototype modifié, le 105A. Cet avion effectua son premier vol le 7 septembre 1959.
Le premier Tu-22B de production, assemblé à l'usine N°22 de Kazan, fit son vol initial le 22 septembre 1960, et le type fut présenté au public lors de la fête aéronautique de Touchino le 9 juillet 1961, avec un défilé de 10 avions. L'OTAN désigna initialement le modèle "Bullshot", jugé ensuite inapproprié, puis "Beauty", jugé trop "gentil", et enfin "Blinder". Les équipages soviétiques, quant à eux, appelaient l'avion "Shilo" (poinçon) en raison de sa forme.
Le Tu-22 entra en service en 1962, mais connu des problèmes considérables, ce qui eut comme conséquence de longues périodes d'indisponibilité, et plusieurs accidents furent à déplorer. Parmi les nombreux défauts, on constata que la cellule subissait un échauffement considérable aux vitesses supersoniques, ce qui faussait les réglages des tringleries des commandes de vol, compliquant considérablement le contrôle. La vitesse d'atterrissage était supérieure de 100 km/h par rapport aux bombardiers précédents et à l'atterrissage, le Tu-22 avait tendance à cabrer et toucher de la queue (Ce problème fut finalement résolu avec l'addition d'un système électronique de stabilisation). Mais même après que certains de ses problèmes aient été résolus, le "Blinder" n'a jamais été un avion facile à piloter et il nécessitait une maintenance intensive. Une des caractéristiques les plus dangereuses était que le manque de rigidité de l'aile engendrait une inversion de gouvernes aux grandes déflections. Lorsque les contrôles étaient ramenés au neutre, la déformation de l'aile ne disparaissait pas nécessairement, pouvant entraîner une perte de contrôle catastrophique.
Les pilotes des premiers escadrons de Tu-22 furent choisis parmi le groupe des pilotes de Tu-16, ce qui rendit leur transition difficile, puisque le Tu-16 avait un co-pilote, et beaucoup des commandants de Tu-16 avaient pris l'habitude de déléguer à leurs co-pilotes la gestion du vol, sauf pour le décollage et l'atterrissage. En conséquence, les pilotes de Tu-16 passant sur Tu-22 se sont soudainement retrouvés seuls à devoir effectuer toutes les tâches de pilotage dans un cockpit beaucoup plus compliqué. Beaucoup, sinon la plupart de ces pilotes furent incapables de compléter leur formation pour cette raison et finalement, les pilotes seraient sélectionnés dans les rangs des équipages de Su-17 "Fitter".
Au moment où le Tu-22B (Blinder-A) est entré en service, il était déjà évident que son utilité opérationnelle serait limitée. Malgré sa vitesse, il était inférieur au Tu-16 en matière de rayon d'action, de charge offensive et de facilité de maintenance. Le président soviétique Nikita Khrouchtchev croyait que les missiles balistiques étaient la voie de l'avenir, et des bombardiers comme le Tu-22 étaient en danger d'annulation. En conséquence, seulement 15 (ou 20, d'après certaines sources) Tu-22B furent construits.
Une version de reconnaissance aérienne à capacité offensive, le Tu-22R (Code OTAN "Blinder-C "), fut développée avec le bombardier, qui entra en service en 1962. Le Tu-22R pourrait être équipé d'une sonde de ravitaillement en vol qui fut ensuite montée sur la plupart des Tu-22, afin d'élargir leur rayon d'action. 127 Tu-22R furent construits, dont 62 allèrent à l'AVMF pour l'utilisation en patrouille maritime. Certains de ces avions furent dépouillés de leurs caméras et capteurs pour être vendus à l'exportation en tant que Tu-22B, bien qu'ils restaient apparemment plus proches du Tu-22R que des Tu-22B de début de production.
Une version d'entraînement du Blinder, le Tu-22U ("Blinder-D"), fut aussi planifiée, avec un poste de pilotage surélevé prévu pour l'instructeur. Le Tu-22U n'était pas armé, et donc inapte au combat. Quarante-six de ces avions furent produits.
Pour tenter de garder quelque chose de l'utilité offensive initialement prévue pour le Tu-22 face à l'hostilité officielle, le Tu-22 fut aussi développé comme un transporteur de missiles, le Tu-22K ("Blinder-B"), avec une possibilité d'emport d'un seul Kh-22 (AS-4 "Kitchen") dans une baie d'armes modifiée. Le Tu-22K fut utilisé à la fois par DA (Aviation "longue portée"), et AVMF (Aviation navale soviétique).
Le dernier sous-type fut le Tu-22P ("Blinder-E"), version de guerre électronique, d'abord utilisé pour la collecte ELINT de renseignements. Certains furent convertis comme brouilleurs ECM en soutient des Tu-22K. Un escadron était généralement attribué à chaque régiment de Tu-22.
En cours de service, le Tu-22 fut mis à jour avec des moteurs plus puissants, un système de ravitaillement en vol pour les avions qui n'en disposaient pas initialement, et une électronique modernisée. Le suffixe -D (pour Dalni - longue portée) désigne les machines équipées pour le ravitaillement en vol.
Des Tu-22 furent exportés vers l'Irak et la Libye dans les années 1970. Une demande égyptienne fut refusée en raison des objections soviétiques à la guerre du Kippour.
L'aile du Tu-22 affiche une flèche de 55°. Les deux turboréacteurs Dobrynin VD-7M produisaient à l'origine 16 tonnes (159 kN) de poussée, qui passa par la suite à 16,5 tonnes (162 kN) lorsque les moteurs Kolesov RD-7M2 furent montés. Dans la pure tradition de l'OKB Tupolev, le train d'atterrissage principal s'escamotait dans des nacelles prolongeant le bord de fuite des ailes. La flèche prononcée de la voilure engendrait peu de traînée à vitesse transsonique, mais nécessitait par contre des vitesses d'atterrissage et de décollage très élevées.
L'habitacle du Tu-22 plaçait le pilote très en avant, légèrement décalé vers la gauche, l'officier d'armements se trouvant derrière et le navigateur en dessous. Ces trois hommes disposaient de sièges à éjection vers le bas. Depuis le cockpit, la visibilité était relativement mauvaise, ce qui était un facteur de stress supplémentaire lors des décollages laborieux du Tu-22, d'autant plus que l'ergonomie générale n'avait pas été un souci principal lors de la conception.
L'armement défensif du Tu-22, géré par l'officier des armements, se composait d'une tourelle de queue montée sous les nacelles des moteurs, contenant un seul canon R-23 de 23 mm. La tourelle était dirigée par un radar PRS-3A "Argon" pour compenser le manque de visibilité vers l'arrière de l'officier des armements. La charge offensive principale était logée dans une baie interne, capable de transporter jusqu'à 24 bombes FAB-500 d'usage général, une bombe FAB-9000, ou diverses armes nucléaires délivrées en chute libre. Sur le Tu-22K, la baie avait été reconfigurée pour transporter un missile Raduga Kh-22 ("Kitchen" AS-4) semi-encastré sous le fuselage. L'énorme engin engendrait de gros problèmes de contrôle et de performances, ce qui ajoutait à la dangerosité de l'avion.
Les Tu-22B du début avaient un système de bombardement optique (qui fut retenu sur le Tu-22R), avec un radar Rubin-1A de navigation et d'attaque. Le Tu-22K disposait du système Leninets PN (code OTAN "Down Beat") pour guider le missile Kh-22. Le Tu-22R pourrait emporter plusieurs caméras ou un système brouilleur APP-22 dans la soute à bombes comme charge alternative. Certains Tu-22R furent équipés avec le système ELINT Kub, et plus tard avec une palette sous le fuselage pour acceuillir le radar M-202 Shompol à balayage latéral, ainsi que des caméras et un scanner infrarouge. Un petit nombre de Tu-22K fut modifié en Tu-22KP ou Tu-22KPD avec système Kurs-N de détection des systèmes radars ennemis et d'assurer la compatibilité avec le missile antiradiations Kh-22P.
Libye
La force aérienne Libyenne (LARAF) a utilisé le Tu-22 en combat contre la Tanzanie en 1979 dans le cadre de la guerre Ouganda - Tanzanie pour aider les alliés ougandais, avec un seul Tu-22 qui effectua une mission de bombardement complètement ratée contre la ville de Mwanza le 29 mars 1979.
Ces avions libyens ont également été utilisés contre le Tchad dans le cadre du conflit Tchad - Libye, avec des frappes dans l'ouest du Soudan et au Tchad. Les Tu-22 libyens volèrent leur première mission sur le Tchad le 9 octobre 1980 contre les forces d'Hissène Habré près de la capitale N'Djamena. Des raids occasionnels par un petit nombre de Tu-22 contre des cibles au Tchad et au Soudan, y compris un raid sur Omdurman en septembre 1981, qui avait tué trois civils et blessé 20 autres, continuèrent jusqu'à ce qu'un cessez-le feu fut décrété en novembre 1981.
Les combats ont repris en juillet 1983, et la force aérienne libyenne, y compris ses Tu-22, fut utilisée dans des attaques contre les forces loyales à Habré, avant qu'un autre cessez-le-feu ne soit décrété et que les libyens débutent une nouvelle offensive au début de 1986. Le 17 février 1986, en représailles à l'opération française "Épervier" (qui avait frappé la piste de Ouadi Doum un jour plus tôt), un seul Tu-22B LARAF attaqua l'aérodrome de N'Djamena. Resté sous la couverture radar française en volant bas au-dessus du désert sur plus de 1.100 km, il avait accéléré à plus de Mach 1, grimpé à 5.000 m et largué trois bombes lourdes. Malgré la vitesse et la hauteur considérable, l'attaque fut extrêmement précise: deux bombes frappèrent la piste, démolirent les voies de circulation, et l'aérodrome resta fermé pendant plusieurs heures par la suite. L'attaquant rencontra des problèmes techniques pendant son voyage de retour. Les avions de reconnaissance et d'alerte précoce américains basés au Soudan captèrent un appel de détresse envoyé par le pilote du Tu-22 qui s'est probablement écrasé avant d'atteindre sa base de Aouzou (ayant peut-être été frappé par la défense anti-aérienne de l'aéroport de N'Djamena). Le 19 février, un autre Tu-22 LARAF tente de bombarder N'Djamena une fois de plus. Cette fois, une patrouille de Mirage F1C français l'attendait. Le Tu-22 fut intercepté et abattu à 110 km au large de la capitale du Tchad. Un bombardier fut abattu par des missiles sol-air 2K12 Kub (SA-6) capturés dans une base libyenne abandonnée à Aouzou le 8 août 1987. Un rapport oculaire suggère que le pilote s'est éjecté mais son parachute aurait été vu en feu.
Un autre Blinder fut perdu dans la matinée du 7 septembre 1987 lors d'une attaque sur N'Djamena. Cette fois, les défenses aériennes françaises étaient prêtes et une batterie de SAMs MIM-23 Hawk du 402e Régiment de défense antiaérienne pu abattre l'un des bombardiers, tuant l'équipage d'Allemagne de l'Est. Ce raid marqua la dernière participation du Tupolev Tu-22 dans le conflit Libye - Tchad.
Le dernier vol d'un Blinder libyen fut enregistré le 7 septembre 1992. Ils sont probablement maintenant inutilisables à cause d'un manque de pièces de rechange, bien que sept d'entre eux soient encore visibles sur la base aérienne Al Jufra.
Iraq
L'Irak utilisa ses Tu-22 dans la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, avec des opérations offensives commençant le premier jour de la guerre, quand un Tu-22 provenant de la base irakienne H-3 à frappé un dépôt de carburant iranien sur l'aéroport international de Mehrabad (Téhéran) qui, en conjonction avec d'autres attaques irakiennes, allait entraîner chez les Iraniens une pénurie de carburant d'aviation dans la première période de la guerre. Ceci dit, ces premières attaques furent relativement inefficaces, avec de nombreux raids avortés tant en raison d'actions de la défense anti-aérienne que des lourdes frappes aériennes iraniennes menées contre tout aérodrome irakien capable de recevoir le Tu-22. L'Iran revendiqua trois Tu-22 abattus au cours du mois d'octobre 1980: un au dessus de Téhéran le 6 octobre et deux autres le 29 octobre, l'un près de Najafabad par un missile AIM-54 Phoenix lancé par un intercepteur F-14 et un sur Qom.
L'Irak a déployé ses Tu-22 au cours de la "guerre des villes", lors de raids aériens contre Téhéran, Ispahan et Shiraz. L'Armée de l'Air irakienne fut l'une des plus enthousiastes à utiliser l'énorme bombe FAB-9000, que les pilotes de Tu-22 purent délivrer avec une précision impressionnante, en utilisant des techniques de bombardement à vitesse supersonique tout en restant hors de portée des défenses ennemies. L'utilisation des FAB-9000 fut si intensive que les Irakiens se retrouvèrent à court de stock. Ces bombes devaient être importées d'Union Soviétique et L'Irak en vint à fabriquer sa propre version, la Nassir-9.
Les Tu-22 Irakiens ont également été déployés dans les derniers moments de la "guerre des pétroliers": Le 19 mars 1988, quatre Tu-22 et six Mirage F.1 effectuèrent un raid contre des pétroliers iraniens près de l'île de Kharg, les Tu-22 coulant un superpétrolier et mettant le feu à un deuxième, tandis que des missiles Exocet tirés par les Mirages endommagèrent un autre pétrolier. Une deuxième attaque contre l'île de Kharg menée plus tard le même jour eut beaucoup moins de succès, les défenses iraniennes étant désormais en alerte, deux Tu-22 plus d'autres avions irakiens furent abattus. C'était les dernières opérations effectuées par les Tu-22 Irakiens pendant la guerre Iran-Irak, avec un total de sept Tu-22 irakiens perdus, plusieurs autres étant gravement endommagés. Les Tu-22 irakiens restants furent détruits par les américains pendant la guerre du Golfe de 1991.
Union Soviétique
La seule utilisation en combat des Tu-22 soviétiques eut lieu en 1988, pendant la guerre en Afghanistan. Des Tu-22PD de brouillage radar couvrirent des Tu-22M opérant en Afghanistan près de la frontière Pakistanaise, en protection contre les activités de défense aérienne de ce pays.
Le Tu-22 a été progressivement retiré du service en faveur du Tupolev Tu-22M. Au moment de la dissolution de l'Union soviétique, il restait 154 Tu-22 en service, mais aucun d'entre eux n'est plus utilisé de nos jours.
Toutes variantes confondues, un total de 311 Tu-22 a été construit, dont le dernier en 1969. Les chiffres de production ont été les suivants: 15 en version bombardier (B), environ 127 versions de reconnaissance (R, RD, RK, RDK et RDM), 47 versions ELINT (P et PD), 76 transporteurs de missiles (K, KD, KP et KPD) et 46 pour l'entraînement (U et UD).
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