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L'Antonov 124 - 100 surnommé Ruslan (Code OTAN : Condor) est le second plus gros avion du monde produit en série (le premier étant l'Airbus A380) ; l'avion le plus gros du monde hors série est l'Antonov An-225.
Il permet de transporter les charges les plus diverses telles que locomotives, grues, satellites, bateaux. Cet avion est équipé de deux ponts roulants disposant chacun de deux palans pouvant supporter un poids maximum de 20 tonnes. Il peut peser jusqu'à 400 tonnes au décollage et embarquer jusqu'à 150 tonnes (120 t en version de base An-124, 150 t en version An-124-100) de charge utile (six fois celle du Transall C-160 des armées française et allemande).
Les seuls avions à peu près comparables sont l'Airbus A380 et le Lockheed C-5 Galaxy américain, ce dernier étant réservé à des usages militaires et n'emportant pas autant de charge utile.
Son prix unitaire se situe entre 150 et 200 millions de dollars.
Au début des années 1970, l'OKB Antonov proposent trois projets d'avion de transport : "projet 122", "projet 124" et "projet 126" ; les responsables militaires choisissent le 124, qui peut transporter pratiquement tous les véhicules de l'armée.
Un avion de cette taille nécessitait des moteurs à la fois très puissants et économes mais les ingénieurs de Progress ne possèdent alors que très peu d'expérience dans ce domaine. Cependant, ils viennent de terminer le D-36 équipant le Yakovlev Yak-42, qui leur permet de créer le D-18T. Dans le monde entier il est habituel, sur un avion à ailes hautes et à réacteurs, de placer l'empennage horizontal sur la dérive (Iliouchine Il-76, Lockheed C-5 Galaxy, C-141 Starlifter ou McDonnell Douglas C-17 Globemaster III) mais des études en soufflerie chez Antonov et au TsAGI ont démontré que l'on pouvait les placer au niveau du fuselage sans problèmes en économisant presque 2.800 kg. Son train d'atterrissage de 24 roues lui permet de décoller et d'atterrir depuis des pistes peu aménagées, ou recouvertes de neige ou de glace, et grâce à sa roulette de nez orientable, il peut faire demi-tour sur une piste d'une largeur de 45 mètres.
Le premier prototype est assemblé à Oulianovsk et effectue son premier vol le 26 décembre 1982. Le second prototype est assemblé à Kiev. Quant au premier appareil de série, baptisé Rouslan en l'honneur d'un héros géant du folklore russe, il participe au salon du Bourget en 1985 avant d'enchaîner les records de charge; ainsi, le 26 juillet 1985, il établit un nouveau record à 171.219 kg. Les premières livraisons à l'Armée de l'air soviétique commencent en 1987. Il reçoit sa certification civile le 30 décembre 1992.
Sa grosse particularité tient au fait qu'il est possible de charger et de décharger simultanément sa soute grâce à sa rampe d'accès arrière et à son nez se relevant. Celle-ci fait 1.000 m, avec les dimensions suivantes: 36 m de long, 6,68 m de large et une hauteur maximale de 4,40 m.
Deux ans après les vols de démonstration, le Rouslan effectue un vol de très longue distance Moscou - Kassimov - Volgograd - Zenzeli - Tachkent - Îles Kouriles - Golfe d'Anadyr - Mourmansk - Iouhnov - Marioupol - IeÏsk - Rostov-sur-le-Don - Riazan - Moscou en 25 heures 32 minutes et d'une distance totale de 20.150,92 km, surpassant la performance de 18.245,08 km établie par un B-52H.
Au printemps 1988, l'An-124 se pose sur une piste couverte de neige sur l'île Graham Bell (archipel François-Joseph).
À la fin de l'année 1990, deux équipages se relayant, effectuent un vol autour du monde en partant de Melbourne et en survolant le pôle Sud puis le pôle Nord avec une escale au Brésil et une autre au Maroc. Le vol, d'une distance totale de 50.005 km, dure 75 heures 16 minutes avec une vitesse moyenne de 680 km/h.
En juillet 2007, à la suite de l'ouragan Dean qui secoua la Martinique, deux Antonov, un An-124 Rouslan et l’An-225 Mryia, ont atterri sur l'île afin de la ravitailler en matériel de reconstruction et de réparation (groupes électrogènes, camions, câbles, etc.). La piste étant supposée trop petite et les camions remorqueurs trop peu puissants, les pilotes ont tout de même pris le risque de se poser, avec succès. L'An-124 et surtout l'An-225 étant plus gros et impressionnants qu'un Airbus A380, de nombreux curieux vinrent les admirer, malgré les dégâts et le traumatisme causés par Dean.
Le Rouslan a été utilisé plusieurs dizaines de fois durant les guerres de Tchétchénie.
Il a servi au transport de matériel de l'ONU de France en Afrique centrale.
Un An-124 ukrainien a servi à l'évacuation de réfugiés d'Irak et du KoweÏt.
Il a acheminé les matériels les plus divers (de la nourriture aux machines de chantier) dans les endroits les plus difficiles d'accès en Sibérie.
Une rotation de plusieurs An-124 fut utilisée en 2000 pour "déménager" l'ensemble du Rallye Dakar, afin d'éviter la traversée du Niger à cause de menaces terroristes.
Les An-124 de la société Volga Dnepr sont utilisés pour apporter les satellites pour les fusées Ariane en Guyane tous les 3 mois environ.
Deux prototypes et 52 appareils de série ont été produits depuis 1984 dont 18 à Kiev et 34 à Oulianovsk. Cinq ont été perdus en service.
L'Armée de l'air russe utilise tous ses An-124 dans le 65e régiment de transport aérien basé à Seshcha.
Pour pallier le manque en appareil de transport lourd, dix-huit États membres de l'OTAN, dont la France, ont choisi d'utiliser de manière coordonnée plusieurs An-124 via le contrat Salis (Strategic Air Lift Interim Solution). Il est géré par la Strategic Air Lift Coordination Cell, située sur la base aérienne d'Eindhoven aux Pays-Bas et a été passé entre une agence de l'OTAN, la Namsa, et une société de droit allemand, Ruslan Salis GmbH, basée à Leipzig. Cette société peut affréter des An-124 auprès de deux compagnies: Antonov Design Bureau (ADP) à Kiev (Ukraine) et la Volga-Dnepr Airline (VDA) d'Oulianovsk (Russie). Par défaut, deux appareils sont disponibles pour les pays participant au contrat mais ce nombre peut être porté à six appareils avec une disponibilité de six à neuf jours.
Jusqu’en 2011, la France disposait d'un droit d'utilisation de 1.195 heures par an, soit 23 heures par semaine, ce qui en faisait un important utilisateur. Chaque semaine, un vol partait ainsi de Châteauroux pour l'Afghanistan acheminer du soutien logistique. À raison de 25.000 € l'heure de vol, la facture s'élèvait ainsi à 30 millions € par an pour le ministère de la défense.
Suite à une augmentation du prix de location, la France a dénoncé sa participation au contrat Salis.
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